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Magazine

18 octobre 2017
À lireEntretiens2017-2018

Entretien avec Patrick Pineau

Jamais seul

Pour ce projet, j’avais en tête les films populaires de Renoir, de Ken Loach, les textes de Prévert aussi… et toutes ces œuvres qui parlent des gens.
 

MC93 : Ces dernières années vous avez monté des textes classiques, pourquoi avoir choisi pour cette nouvelle création de passer commande à Mohamed Rouabhi 

Patrick Pineau : Je pense que c’était le moment, simplement, je ne me suis pas dit que j’avais monté trop de classiques et qu’il était temps de changer et de revenir à des textes contemporains. Ce qui se passe dans le monde m’interpelle et j’ai eu envie d’en parler, de parler de notre monde. J’avais déjà travaillé avec des auteurs contemporains, il y a eu Eugène Durif ou plus récemment Serge Valletti… 

Je crois qu’un metteur en scène cherche toujours son auteur et moi j’ai rencontré Mohamed Rouabhi. Quand je suis allé le voir jouer il y a 5 ans dans sa pièce Darwich, deux textes, cela a été une évidence. Quand je l’ai vu, je me suis dit que c’était avec lui que je voulais parler d’aujourd’hui, que c’était ses mots que je voulais pour ma compagnie. Pour ce projet, j’avais en tête les films populaires de Renoir, de Ken Loach, les textes de Prévert aussi… et toutes ces œuvres qui parlent des gens. J’avais envie d’une pièce inédite, et la langue de Mohamed était parfaite pour cela.

MC93 : Quelle commande lui avez-vous passé ? Sagissait-il d’écrire une grande fresque populaire ? L’écriture de la pièce sest construite sur quatre années… Il y a eu beaucoup dallers retours entre vous...

P.P. : Au départ, on s’est dit qu’on allait travaillé sur une fable ouvrière, sur les utopies de la classe ouvrière, paradoxalement très ancrée dans le réel. On est parti de l’aventure de l’usine Lip, telle qu’elle a été racontée dans le film LImagination au pouvoir. Les ouvriers ont prouvé qu'ils pouvaient faire sauter toutes les chaînes et être autonomes. Ce qui m’intéresse c’est que cela ait eu lieu puis c’est de voir comment la politique a cassé ce système, comment ces gens devenaient envahissants et comment le politique a, petit à petit, semé des graines pour éteindre cette chose… Après il y a eu différentes versions du texte pour atteindre celui de Jamais Seul et on est dans des histoires plus contemporaines.

La langue de Mohamed est au-delà de la colère et c’est ce qui me plait dans cette fresque humaine.
 

MC93 : Il y aussi une grande poésie dans ce texte

P.P. : C’est une pièce très politique mais ce n’est pas ce qui domine, c’est vrai. Cela aurait été une pièce de barricade, je ne l’aurais pas montée. L’affrontement, la guerre cela ne m’intéresse pas. Je voulais aller au-delà de ça. La langue de Mohamed est au-delà de la colère et c’est ce qui me plait dans cette fresque humaine. Sa langue a la faculté d’être proche des gens et de parler à tout le monde. Il ne parle pas de l’humain, il parle de l’humanité, de comment on se bat en politique, en théâtre, en écriture… La pièce est aussi emplie d’une poésie qui parle de nous avec une force incroyable.

MC93 : Vous avez eu envie de convoquer vos fidèles mais aussi de jeunes comédiens ? Pourquoi ? 

P.P. : J'ai besoin d'être secoué. Les jeunes comédiens c'est comme une ouverture, c'est aussi de la transmission. C’est peut être prétentieux de dire cela d’ailleurs, parce que la transmission c’est dans les deux sens, j’apprends aussi cela en vieillissant. Je suis dans mon époque, je suis contemporain mais je commence à être un vieux contemporain. J'ai besoin de travailler avec ces jeunes gens qui vont faire le théâtre de demain. Ce sont eux qui vont écrire les nouvelles fresques. J’ai envie qu’ils soient pertinents, qu’ils nous amènent de la vie, de la curiosité…J’avais donc envie qu’on se mêle à eux avec mes fidèles.

Il y a vraiment un esprit de troupe, de partage, de compagnonnage qui nous anime.
 

MC93 : La pièce elle-même raconte deux générations qui se côtoient 

P.P. : Oui cela vient de la première version. Cela se déroulait sur deux époques : l'époque de Lip, l’époque de ces gens qui ont connu un monde ouvrier fort, ou le parti communiste était 30 % et le front national inexistant, et l’époque d’aujourd’hui… Le grand-père ou le père racontait cette période à ces jeunes. Et finalement, on a choisi de ne garder que l’époque actuelle avec ces deux générations. Il y a 50 personnages, et nous serons 15 à les jouer. 15 comédiens dont la moitié de jeunes et la moitié de moins jeunes. 

MC93 : Vous jouez avec Mohamed Rouabhi dans la pièce 

P.P : Je dois avouer que j'ai mis du temps à me décider à jouer parce que j'avais peur d'être frustré de ne pas voir le spectacle. Et en définitive, à quelques jours du début des répétitions, je suis ravi de le faire. C’est formidable d’être dans le bateau.  J'avais besoin de travailler autrement et cela va m'obliger à le faire.

Je crois que je travaille différemment les textes classiques et les textes contemporains. Je suis sûrement impressionné par les classiques et je n’ose sans doute pas les secouer. J’ai dû garder en tête une vieille maxime «  le sens / le texte ». Il n’y a pas de références dans le contemporain. La seule référence ou vertu qu’il y ait c’est d’être là, maintenant, dedans…  Je n’ai pas pris d’assistant, volontairement. Je me suis « vas-y, sois entraîneur, sois joueur ». Mohamed joue aussi. La scénographe également. Il y a vraiment un esprit de troupe, de partage, de compagnonnage qui nous anime.

MC93 : Depuis ce projet avec Mohamed, vous avez imaginé dautres projets ensemble ?

P.P. : On s'est rencontré il y a 25 ans, je jouais dans Les Fragments de Kaposi, un texte de Mohamed. Chacun a fait sa route mais on se croisait de moins en moins et là depuis deux ans, on a décidé de faire une longue route ensemble : il y a Jamais seul mais aussi un projet de monologue, des ateliers, Il a joué dans mon dernier spectacle L'art de la comédie. On forme une sorte de duo. On a envie de chercher ensemble. C’est un auteur absolument magnifique et j’ai très envie de travailler sur la durée et en fidélité avec lui.

MC93 : Quelle sera la scénographie de Jamais seul ?  

P.P. : On a choisi de ne pas être du tout dans le réalisme. On pourrait dire que c'est une machinerie de théâtre, on va beaucoup travailler avec les cintres. Cela pourrait être des toiles peintes, même si ce n’en sont pas. Il y aura un mur, du tulle, un cristal pour la vidéo. Pour les objets, ce sera le minimum, je ne prendrai que ce dont nous avons besoin.  Il y aura le vide et la magie du théâtre pour que le spectateur avec le peu que nous allons lui donner, continue de faire le travail. Je fais confiance au public et à son imagination.