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Magazine

22 octobre 2021
À lireEntretiens2021-2022

À la croisée des langages

Entretien avec Baro d'evel

Qu’y a-t-il à l’origine de vos spectacles en général ?

Blaï Mateu Trias : Il y a souvent l'idée du rêve, dans le sens d’aboutir à un but. Quand nous avons démarré, nous sortions de l’école, nous étions en collectif, et le but était de rencontrer le public pour pouvoir jouer et exercer le métier d'artistes de spectacle. Puis chaque pièce devient le rebondissement de la pièce précédente, comme un pas de plus à chaque projet.

Camille Decourtye : Quand nous avons compris ce à quoi nous répondions pour une pièce, commence l’attente de la suivante. Et à chaque fois cela se conjugue avec l’espace que l’on imagine, le rapport au spectateur que l’on recherche, les matériaux, et un angle plastique. C’est de cela que va découler l’équipe. Quant aux thématiques, elles sont toujours liées à ce que nous sommes en train de traverser dans notre vie, très proches de nous. Ce sont souvent des questions philosophiques qui se croisent avec des questions d’espace. 

Quand vous avez débuté avec l'étiquette « cirque » vous aviez déjà envie de déborder ce cadre ?

BMT : L’école du cirque est très polyvalente, nous n’étions pas des puristes. Il y avait des gens de notre âge qui étaient plus performants dans telle ou telle spécialité, c'est ce qui a forgé notre singularité, nous étions, par défaut dirais-je, dans la pluridisciplinarité dès le départ. 

CD : Nous ne nous sommes jamais dit : sur ce projet-ci on va développer plus de danse, sur celui-là plus d’acrobatie ; la multiplicité des langages est pour nous une évidence, ce n'est pas une option à requestionner. Il nous paraît normal d'aborder un spectacle par tous les fronts que peut offrir le corps : la voix, le rythme, l'acrobatie ou la danse, notre rapport à la scène se trouve à la croisée de ces langages.  

La danse a notamment pris de plus en plus d’ampleur dans vos spectacles.

BMT : Nos premiers spectacles ont eu lieu dans la rue, avec un rapport très fort au clown. Et c’est resté, même si je pense que cela s’est étoffé avec les années. Le mouvement a été beaucoup plus acrobatique qu'il ne l'est maintenant, un virage s’est opéré progressivement du fait de notre âge et grâce aux rencontres. Par exemple, la rencontre avec Maria Muñoz et Pep Ramis, lors de la création de Mazùt, nous a fait franchir un cap sur le plan du mouvement. Ils nous ont fourni des outils pour le travail chorégraphique sur lesquels nous avons apporté des dérivations issues de notre passé acrobatique. 

"Nous fonctionnons en faisant, défaisant, refaisant et refaisant encore. Nous travaillons beaucoup à partir d'improvisations et de gammes autour de la voix, du rythme, du corps."

 

Pouvez-vous décrire votre processus de travail ? Une fois que l'idée est là, comment cela se passe ? Y a-t-il une répartition des fonctions entre vous ? 

BMT :  Nous avons beaucoup d'idées mais la réalité nous amène souvent ce que nous ne savons pas ! Nous fonctionnons en faisant, défaisant, refaisant et refaisant encore. Nous travaillons beaucoup à partir d'improvisations et de gammes autour de la voix, du rythme, du corps. Auxquelles s’ajoutent de petites trouvailles de matière ou de peinture. Souvent, au départ, il y a aussi un questionnement autour de ce que nous venons de vivre sur les tournées précédentes. Par exemple, avant Mazùt, nous étions à la sortie de Le sort du dedans, notre premier spectacle sous chapiteau, qui a tourné trois ans : nous avions réalisé le rêve de monter un cirque en itinérance. Et nous avons alors eu envie de ressourcer notre langage. Nous avons rencontré Maria et Pep, et retrouvé Bonnefrite (surnom de Benoît Bonnemaison-Fitte, ndlr), artiste graphique et peintre qui avait collaboré aux affiches de Le sort du dedans et qui est alors entré au plateau. C'est par ces rebondissements personnels et par ces déplacements-là que s’est créé un nouveau langage chez Baro d’evel.

D’où provient le titre de Mazùt ?

CD :  Nous étions en train de travailler avec du matériel provenant d’une ancienne usine pétrolière, dont des cartes du désert des années 60, grâce auxquelles des personnes recherchaient de l’or noir. Et nous avons établi ce drôle de lien dans la nécessité de recherche permanente ainsi que l’engagement qui peut porter à sa perte - comme le besoin d'énergie qui pollue la terre entière - avec la vie d’artiste ! Et nous avons appelé cela Mazùt

Vous avez décidé de confier Mazùt à deux nouveaux interprètes, c'est une première dans l’histoire de Baro d’evel.

CD : Nous l’avons décidé à un moment où dans la compagnie nous est venue l’envie de connaître l’expérience du « dehors ». Et Mazùt est une pièce dont nous sommes très contents, qui a une place très importante dans notre parcours. Nous avons trouvé artistiquement intéressant de la retrouver dans un exercice de transmission. Et le choix des interprètes a été une évidence : ce sont des personnes de notre âge, que nous connaissons bien, des artistes très polyvalents, qui ont énormément de maturité de scène. Nous n’avons pas pensé à d'autres interprètes et ils ont tout de suite accepté. 

Dans quelles circonstances avez-vous imaginé , premier volet du diptyque Là, sur la falaise ?

BMT : Après notre deuxième création sous chapiteau, Bestias, nous sommes partis en tournée pendant trois ans, un travail de troupe avec une belle énergie, puis nous avons ressenti l'envie de nous retrouver tous les deux à travailler notre langage, mais sans parvenir à choisir entre duo ou pièce de groupe. Le diptyque a permis de cumuler les deux, avec une première forme en duo, , qui s’apparente à une introspection. Nous avons imaginé comme un espace abstrait, interne. 

CD : Un non espace, un labyrinthe, comme si l’on était dans l'inconscient ou dans un rêve. Il s’agissait de poser la première pierre du diptyque, comme un mythe fondateur, avec une trinité femme, homme, oiseau. C’était, après Mazùt, notre retour au duo avec un animal. Mais sept ans ont passé entre les deux pièces et nous avons pu mesurer une certaine maturité dans la création, nous nous sommes bien perdus aussi dans mais nous étions plus prêts à faire face à la complexité de ce que représente la relation à l’autre, ou aux questions de savoir qui l’on est, qu'est-ce qu’avoir besoin des autres, et de les aimer.

Propos recueillis par Tony Abdo-Hanna en avril 2021