La Fabrique d’expériences

Présentation
Dans les yeux de Léonora Miano
À l'occasion de la sortie de Marianne et le garçon noir, La Colline - théâtre national, la MC93 et les éditions Fayard proposent une soirée avec l'auteure Léonora Miano, accompagnée des contributeurs du livre : Amzat Boukari Yabara, Elom20ce, Yann Gael, D' de Kabal, Akua Naru, Wilfried N'Sondé et Insa Sané.
Présentée par Wajdi Mouawad, la rencontre sera suivie d'une séance de dédicace à la librairie de la MC93.
L’expérience noire en France n’est pas articulée. Le mot lui-même reste difficile à prononcer, on parle volontiers de Blacks dans un pays ne connaissant pas de Whites. Embarrassée par ce qu’ils lui rappellent de son histoire, la France préfère à ses Noirs ceux des autres et ne leur a proposé que des représentations étrangères. Ces dernières ne furent d’ailleurs pas préservées de préjugés racistes.
Josephine Baker devint la vedette que l’on sait en mimant une Afrique fantasmée. Elle fut incarcérée dans une identité factice, essentiellement corporelle. En France comme ailleurs, les Noirs sont réduits à leur corps, animalisés, hyper-sexualisés. La figure de l’homme noir est associée à la violence, au crime. Elle est aussi assignée à la misère ou au divertissement. La pensée de ces hommes, leur sensibilité, intéressent peu. Lors du décès d’Adama Traoré en juillet 2016, j’ai rédigé une tribune publiée par Libération. N’en ont été retenues que les phrases relatives à la présence disruptive du corps noir dans l’espace français. Dans le cas de Théo Luhaka, la presse et l’opinion se sont focalisées sur la violence faite au corps, sans que soient mentionnées les répercussions psychologiques de l’agression, au-delà de la victime. On ne s’est pas interrogé non plus sur ce que l’acte posé disait des structures sociales l’ayant rendu possible. Car le geste ne s’est pas engendré lui-même et le racisme qu’il cristallise n’est pas de nature individuelle.
Marianne et le garçon noir ne se limite pas à un propos sur le corps noir. Il importait d’aller plus loin, de travailler sur l’intime et sur le politique. Le choix de donner principalement la parole à des figures masculines s’est imposé pour deux raisons. D’abord, ils sont les premiers concernés par le choc des masculinités qui se joue dans les cas de brutalités policières. Ensuite, la multiplicité de leurs voix n’est jamais entendue. C’est ce silence que je souhaite contribuer à briser. Il s’agit d’ouvrir un espace propice à des conversations nécessaires, urgentes.
Léonora Miano
- jeu 21 septembre 2017 – 19:30
Gratuit sur réservation
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