La Fabrique d’expériences

Présentation
Dramaturgie des mutations
Installation, est-il annoncé en gros caractères sur l’un des kakémonos, installation, du verbe installer, installer autant qu’il est possible, déposer, à l’intérieur d’une grande maison de théâtre, la MC93, quelques traces et autres objets plastiques remarquables issus d’une résidence de recherche et d’écriture entreprise en automne 2015 sur le territoire de la ville de Bobigny autour et à partir du travail social, de ses acteurs, les travailleurs sociaux et professionnels du soin. S’y sont ajoutés au fil des mois des bénévoles de l’action sociale et culturelle et deux écoles primaires.
Tout est parti de la fermeture de la MC93 pour travaux et d’une invitation de sa nouvelle directrice à penser – ou à peupler - cette fermeture provisoire. À quoi l’écrivain Daniel Conrod a répondu avec une proposition concrète : et si la construction de liens solides et authentiques entre un théâtre et les habitants d’un territoire passait par le renforcement des liens entre ce théâtre et celles et ceux qui comptent parmi les plus proches des habitants, les acteurs du champ social. Ainsi est née la dramaturgie des mutations, un composite de rencontres, d’immersions plus ou moins longues, d’ateliers d’écriture, de lectures publiques, de performances et de banquets poétiques dans les différents quartiers de Bobigny. Tout au long de cette résidence, l’auteur a invité le photographe et vidéaste Vincent Muteau à œuvrer à ses côtés à l’élaboration d’un poème social et littéraire en acte, entrelaçant le texte tant écrit que performé (les discours en tout premier lieu), l’image fixe et la vidéo.
Les portraits
Avec les portraits sautés, le photographe donne à voir, sur fond d’individualisation du rapport au travail et dans leur environnement professionnel ou social, des individus puissamment vivants, passés de l’ombre à la lumière, débarrassés des conventions iconographiques, soulevés par l’énergie du rebond et l’état de joie qu’il provoque, à la fois confiants et sans illusions quant à l’état des choses.
Le film
Les voilà donc entrés dans le théâtre par la grande porte. Ils en sont les alliés substantiels, comme le sont les artistes, mais d’une autre façon. Avec eux, à leurs côtés ou dans leur sillage, les gens, des gens de toutes appartenances, filmés au ralenti dans Le Grand saut et figurant des petits peuples éphémères ou peuples-lucioles, comme autant de possibilités d’autre chose.
Un grand poème
Au-delà du seul regard porté sur les traces d’un travail artistique, l’écrivain et le photographe invitent le visiteur à poser un geste simple et pratique par lequel il entrera à son tour, au propre comme au figuré, dans la maison théâtre ré-ouverte et qui l’en fera donateur. En enregistrant un poème de son choix, enrichissant ainsi le répertoire poétique permanent ouvert récemment par la MC93 sur la proposition de Daniel Conrod. Et en élargissant, avec le dessin et les mots, la collection de cartes postales conçue à partir des portraits sautés et inaugurée au printemps dernier par les élèves de CP-CE1 de l’école Paul-Eluard.
La suite de l’histoire nous appartient. À chacun d’inventer son propre saut dans le présent. Il s’appelle fictions, écriture, poème dramatique, rêves, monde meilleur, beauté vécue et partagée, émancipation, subjectivités échangées, désir de politique, communautés, nouveaux imaginaires, nouvelles frontières, nouvelles images.
Générique
Commissariat Daniel Conrod et Vincent Muteau
Photographies / vidéos Vincent Muteau
Textes Daniel Conrod
Le texte du banquet #4 est interprété par D’ de Kabal.
Poèmes enregistrés avec le concours d’Aurélien Polowy par les participants du banquet #4
D’autres séances d’enregistrements sont prévues pendant le temps de l’exposition.
Scénographie L+M Louise Cunin
Conception graphique Grand cheval sauvage
Production MC93 - Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
Biographie(s)
« D’abord iconographe, je deviens documentaliste de presse, puis consultant en ingénierie documentaire, avant d’entreprendre « tardivement » une troisième vie professionnelle dans le journalisme culturel, comme « rubricard » (danse, arts de la rue…), puis comme grand reporter (art/culture/société, économie de la culture, spectacle vivant, politiques culturelles) et enfin comme rédacteur en chef adjoint chargé de la culture dans un hebdomadaire lui-même culturel. Je referme ce cycle en 2011 en quittant le monde de la presse : avec la psychanalyse, le journalisme a été mon université. Depuis cette date, j’engage, sous des formes et à des titres différents, des travaux et recherches, quelquefois dans l’obscurité, d’autres fois en pleine lumière (les deux me conviennent semblablement), tantôt comme « journaliste-artiste » tantôt comme écrivain hétéroclite, les deux parfois se confondant.
À l’invitation d’Hortense Archambault, je suis artiste associé à la MC93 où je poursuis une résidence d’écriture au long cours principalement consacrée aux métiers du travail social et du soin et à leur rapprochement avec le monde culturel. Lorsque j’ai proposé au photographe Vincent Muteau de m’accompagner dans cette aventure, j’ignorais à quel point la sûreté et l’humanité de son œil deviendraient indispensables à cette réflexion au point qu’elle nous est devenue commune. J’ai appelé ce projet balbynien expérimental « Dramaturgie des mutations » pour revendiquer haut et fort mon engagement dans le contemporain. Si elles sont indiscutablement disparates, trop peut-être, mes publications et contributions n’en sont pas moins repérables sur la toile. D’une manière générale, il me semble qu’une certaine pratique du retrait et du secret est indissociable du travail de la création. »
« Photographe et vidéaste, je capte le spectacle vivant - arts de la rue, cirque et marionnette - depuis 20 ans. Accompagnateur de création plus que simple reporter, je travaille en complicité avec de nombreux artistes : Opéra Pagaï, Komplex Kapharnaüm, Les Anges au Plafond… et collabore avecdes institutions comme le Festival de Théâtre de Rue d’Aurillac dont je deviens photographe officiel en 2007.
L’envie de passer de l’autre côté du miroir me pousse vers la création vidéo notamment au sein de Komplex Kapharnaüm avec qui je collabore maintenant plus intensément. Je développe par ailleurs mes propres projets d’installations photographiques dans l’espace urbain : « Grandeur Nature » et « Dans ma rue, Images libres ».
C’est dans le cœur de cette transition que je rencontre Daniel Conrod. Nous créons ensemble «La Vérité», acte artistique en forme de journal éphémère lors de la 30ème du Festival d’Aurillac.
Me voici désormais à ses côtés à la MC93, artiste visuel associé à ses mots, œuvrant sans doute à la dramaturgie de ma propre mutation. »
En savoir +
En entrée libre
du mardi au vendredi de 12h à 18h
le samedi de 14h à 18h
et 1h30 avant les représentations
Enregistrements
Des séances d’enregistrements de poèmes sont prévues pendant le temps
de l’exposition :
samedi 30 septembre de 15h à 17h
samedi 14 octobre de 15h à 17h
Samedi 25 novembre de 15h à 17h