La Fabrique d’expériences

Présentation
La Tour de Balbel / Tryptiques
33 triptyques imaginés par Natascha Rudolf et photographiés par Frédéric Mougenot à partir de situations proposées par des participants du projet.
Natascha Rudolf a mené une résidence de création à la MC93 pendant deux ans dont le point de départ est La Vie mode d’emploi de l’écrivain George Perec. Ce livre est une véritable « œuvre picturale composée de 99 chapitres juxtaposant une série d’histoires et d’arrêts sur images littéraires ». Voilà pourquoi Natascha Rudolf a souhaité accompagner son projet d’écriture et de théâtre, La Tour de Balbel, d’une exposition photographique. Une manière pour elle de continuer de tisser des fils artistiques avec l’univers de Perec, ses descriptions minutieuses d’intérieurs, d’objets, d’actions et de positions des corps dans l’espace.
Pour réaliser ce pendant photographique au spectacle, la metteure en scène a invité Frédéric Mougenot, photographe et ami de longue date, dont elle aime « les photographies documentaires, souvent « volées » au hasard de ses déplacements et longues marches dans différentes villes d’Europe, dévoilant dans des cadres parfaits aux noirs et blancs contrastés ou aux couleurs denses, l’insolite inventivité de la vie, la poésie trimballée par le sujet convoité, grâce à la pudeur, la sensibilité et l’acuité du photographe ».
Ensemble, ils ont discuté de « cette lisière à inventer entre le documentaire photographique et la mise en scène, interrogeant l’individu et son intimité au coeur du collectif et de sa mémoire ». Ils se situent « dans cette quête du plausible, fabriquée de toutes pièces, à partir de vrai et de faux ». Ils ont alors élaboré le protocole suivant : partir de la vie quotidienne des participants au spectacle, qu’ils aient participé à son écriture ou qu’ils se retrouvent sur le plateau en tant que comédien.ne et mettre en scène, et photographier, un moment et un espace de leur quotidien.
Chacun des participants a donc proposé un lieu urbain familier (logement, cage d’escalier, bibliothèque, local municipal, jardin pavillonnaire). À partir de ce lieu personnel devenant un lieu « balbelien », le triptyque présente pour chaque personne un portrait sur fond abstrait, un cadre plein mettant en scène une de ses activités dans l’espace de son choix, et le même cadre, vidé de sa présence, gardant toutefois le souvenir de l’activité réalisée, comme en écho à La Disparition, autre ouvrage de Perec. Les photographies sont posées, ce qui est inédit pour le photographe.
L’exposition rassemble ainsi 33 triptyques, soit 99 images en clin d’oeil aux 99 chapitres du livre et aux jeux mathématiques de Perec. L’accrochage des triptyques, formant pour chacun d’entre eux les étages d’immeubles, lieux de vie collectifs à l’instar de La Tour de Balbel, donne à voir autant de fenêtres intimes se conjuguant les unes avec les autres au sein d’un édifice en construction. Il s’agit pour le photographe de « donner à voir cette frontière ténue, pour ne pas dire floue, entre réalité et fiction et notre profonde ambivalence».
En entrée libre
aux horaires d'ouverture du Hall.