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La Fabrique d’expériences

Présentation

Lorraine de Sagazan

La Réparation

Après l'Absence de père d'après Platonov, présenté en 2019 à la MC93, nous accompagnons Lorraine de Sagazan pour sa prochaine création ; vaste projet au long cours qu'elle mène avec l'auteur dramaturge Guillaume Poix.

Depuis début janvier 2021, aidés par la MC93 et des théâtres partenaires, ils rencontrent associations, individuels sur tout le territoire de Seine-Saint-Denis autour de la question de la "réparation" : des personnes n'ayant pas pu enterrer leurs morts lors du premier confinement, des migrants, des travailleurs sociaux, des prisonniers, des invisibles, des victimes de violences diverses, des personnes isolées... 

De très nombreux entretiens qui serviront de pistes pour tenter de répondre à une interrogation : Est-ce que la fiction peut réparer un peu du réel ?

Avant la création au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis à l'automne 2021, Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix ont été 15 jours en résidence dans la loge d'un immeuble de La Plaine grâce à l'aide de Plaine Commune Habitat qui a permis de faciliter rencontres et liens. Ils sont également en répétitions plusieurs semaines avec la compagnie La Brèche à la MC93, et imaginent leurs décors avec l'atelier du théâtre.

Note d'intention


Nous avons monté une adaptation de Platonov il y a deux ans. La pièce se termine sur cette question « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? » suivie de cette célèbre injonction de Nicolaï « Enterrer les morts et réparer les vivants ». C’est avec cette invitation vertigineuse restée en suspens que nous avons imaginé commencer le travail de ce spectacle.

Pour traverser et répondre intimement à cette crise infernale qui nous a souvent privé de nos proches et plus gravement peut-être de tous les inconnus que nous aurions pu rencontrer, j’ai choisi d’organiser des rendez-vous en tête à tête avec autant de personnes que de jours que j’estime gâchés par la crise. 

Depuis début janvier 2021, aidés par plusieurs théâtres partenaires, nous rencontrons avec Guillaume Poix des êtres humains de tous âges dont les trajectoires intimes et personnelles ont à voir avec la réparation. 

La plupart du temps, aidée par mes collaborateurs, j’entre en contact avec des associations qui transmettent mon annonce à leurs adhérents. Ces inconnus m’appellent ensuite. J’imagine ce nombre s’élever entre 300 et 400 personnes. J’invite la plupart du temps ces gens chez moi, parfois je me déplace chez eux, de temps en temps ces rencontres se font à distance. Nous parlons ensemble de la réparation et du monde dans lequel nous vivons. Nous ne devenons pas amis, même si dans certains cas, cette éventualité pourrait advenir, mais nous nous rencontrons vraiment.

Certains n’ont pas pu enterrer leurs morts lors du premier confinement, d’autres sont des travailleurs sociaux au contact des plus fragiles, d’autres encore font des métiers manuels méprisés, il y a ceux qui vivent en prison, ceux qui sont en procès, des exilé(e)s, des invisibles, des victimes d’abus, de violence, d’abandons, de dépression, d’addiction, des étudiants précaires, des personnes amputées, licenciées, des religieux, des personnes isolées… À ma grande surprise, beaucoup de ces gens me contactent par eux-mêmes. Souvent pour partager leur sentiment d’avoir cessé d’exister tout en restant en vie, sans pour autant ne parvenir à trouver d’interlocuteur pour recevoir cette situation. Tous m’ont confié quelque chose qu’ils n’avaient jamais dit à personne. C’est ce qui fait la rareté et le caractère précieux de ces paroles. 

 Est-ce parce que je suis une inconnue et que notre rencontre sans attache porte la promesse rassurante de ne pas nous revoir ? Est-ce parce qu’une demande implicite se formule à chaque rendez-vous ? J’ai parfois posé la question. Et si chaque parole témoigne avec tendresse de la barbarie insidieuse de notre époque, de l’inhumanité dont celle-ci fait preuve à leur égard, l’espoir de pouvoir faire dire par d’autres voix que la leur ce qui a été leur vie pour que des spectateurs regardent, écoutent et connaissent est omniprésent. 

Avec ce désir à peine enfoui de réparer le monde, ces voix réclament de montrer leurs blessures et d'affronter collectivement leurs entailles. De ne pas oublier le sacré, la dignité humaine, la liberté. Plus que jamais, le théâtre est pour moi un lieu où une rencontre est possible. Dans ce qui ressemblerait à un rituel ou une cérémonie pour honorer les morts et réparer les vivants, je souhaite me poser avec mon équipe et les spectateurs la question suivante : Est-ce que la fiction peut réparer un peu du réel ? 

Lorraine de Sagazan, janvier 2021