La Tour de Balbel
La Tour de Balbel
« Oui, ça commencera ici : dans les couloirs du 79e étage de la tour de Balbel. Reza Fromentin marche, elle est vêtue d’une jupe rouge et d’un blouson de nylon bleu qu’elle tient de son père. »
Extrait, La Tour de Balbel






À l’occasion d’une fête, les habitants d’une gigantesque tour-monde, lieu de vie riche, de langues et de cultures, racontent à plusieurs voix, au cours d’improbables croisements, une étonnante épopée onirique et moderne, où il sera aussi question d’amour et de fraternité.
Une tour de 173 étages qui s'enfonce doucement dans le sol balbynien... Ça n'existe pas... Sauf dans l'imagination féconde et ludique de tous ceux qui se sont réunis pendant deux ans pour écrire et jouer cette comédie humaine du XXIème siècle. Cette grande épopée rêvée par une cinquantaine d'habitants de Seine-Saint-Denis est une sorte de conte utopique, où le burlesque côtoie le drame, comme une réponse bien vivante aux caricatures trop souvent dessinées. Sur les pas de Georges Perec et de sa Vie mode d'emploi, quand le réel ouvre la porte à la fiction, tout est possible, tout est imaginable, rien n'est interdit.
À partir de septembre 2016, Natascha Rudolf a proposé des ateliers d’expressions écrites et théâtrales. Ils ont mené à la création d'un spectacle présenté à la MC93 en 2018.
Quatre partenaires de Bobigny (le Centre de médecine physique et de réadaptation accueillant des personnes en rééducation physique, le foyer logement Gaston-Monbousseau de personnes âgées, le foyer des jeunes travailleurs ALJT, le foyer étudiant C.R.O.U.S. de Paris XIII) sont au cœur du projet d'écriture.
En parallèle, 5 étudiants en Carrières sociales à l’IUT de Paris XIII à Bobigny, campus l’Illustration, sont venus accompagner la metteure en scène dans les premiers ateliers d’écriture et de théâtre pour retranscrire notamment ces ateliers. À ces publics ont été mêlés, dans un deuxième temps, ceux des ateliers de lectures lancés depuis janvier 2016 à Montreuil par Ligne 9 Théâtre, compagnie de Natascha Rudolf, autour de textes littéraires : du Centre Hospitalier Intercommunal André-Grégoire, de la Maison d’accueil Glasberg spécialisée pour adultes handicapés, d’Ensemble Notre Quartier et de l’Association pour l’utilisation du rein artificiel.
Ensuite, les ateliers de théâtre ont réuni les participants des ateliers d’écriture qui le souhaitaient et des nouveaux venus qui ont répondu à l’appel à participation de la MC93, rejoignant les comédiens professionnels de la compagnie pour se retrouver à 47 sur scène.
Avril - juin 2016 : Recherche de lieux partenaires du projet
Septembre - décembre 2017 : Poursuite des ateliers d’écriture et de théâtre ; mise en écriture et en scénario par Anne Kawala et Natascha Rudolf ; stage avec l’ensemble des participants pour préparer la mise en scène
Janvier - septembre 2018 : Répétitions avec l’ensemble des participants
Septembre 2018 : représentations du mercredi 12 au dimanche 16 septembre
Metteuse en scène, traductrice et adaptatrice, Natascha Rudolf crée en 2001 la compagnie L9T. Son travail s’intéresse à la dramaturgie allemande. Elle monte La Contrebasse de Patrick Süskind, crée Bargfeld n°37 à partir de textes d’Arno Schmidt, Looking for Lulu, d’après Lulu de Frank Wedekind et traduit et met en scène La Ronde d’Arthur Schnitzler.
Par ailleurs, elle développe des projets de théâtre populaire contemporain. Voient ainsi le jour, Iphigénie à Versailles, d’après Racine et Euripide, Praxys, inspiré de L’assemblée des femmes et Lysistrata d’Aristophane et La tour de Balbel, dans le cadre d’une Fabrique d’expérience à la MC93 (2016-2018). De 2019 à 2023 elle dirige le Théâtre de La Noue à Montreuil et y interroge le travail, les oppressions et les luttes, sujets de Lefty ! qu'elle présente à la MC93 en 2024.
Un projet radiophonique de Perrin Kervran
Perrine Kervran, journaliste et documentariste, a suivi cette aventure balbynienne qu’elle nous fait revivre dans un reportage radiophonique en 7 épisodes.






« Avec la proposition d’un projet photographique autour du spectacle La Tour de Balbel, Natascha Rudolf ne pouvait que me séduire d’emblée, dans la mesure où ce projet interroge l’individu et son intimité au cœur du collectif et de sa mémoire. »
Frédéric Mougenot, photographe
La Vie mode d’emploi de l’écrivain George Perec est une véritable « œuvre picturale composée de 99 chapitres juxtaposant une série d’histoires et d’arrêts sur images littéraires ». Voilà pourquoi Natascha Rudolf a souhaité accompagner le projet, La Tour de Balbel, d’une exposition photographique. Une manière pour elle de continuer de tisser des fils artistiques avec l’univers de Perec, ses descriptions minutieuses d’intérieurs, d’objets, d’actions et de positions des corps dans l’espace.
Pour réaliser ce pendant photographique au spectacle, la metteure en scène a invité Frédéric Mougenot, photographe et ami de longue date. Ensemble, ils ont discuté de « cette lisière à inventer entre le documentaire photographique et la mise en scène, interrogeant l’individu et son intimité au cœur du collectif et de sa mémoire ». Ils se situent « dans cette quête du plausible, fabriquée de toutes pièces, à partir de vrai et de faux ». Ils ont alors élaboré le protocole suivant : partir de la vie quotidienne des participants au spectacle, qu’ils aient participé à son écriture ou qu’ils se retrouvent sur le plateau en tant que comédien·ne et mettre en scène, et photographier, un moment et un espace de leur quotidien.
Chacun des participants a donc proposé un lieu urbain familier (logement, cage d’escalier, bibliothèque, local municipal, jardin pavillonnaire). À partir de ce lieu personnel devenant un lieu « balbelien », le triptyque présente pour chaque personne un portrait sur fond abstrait, un cadre plein mettant en scène une de ses activités dans l’espace de son choix, et le même cadre, vidé de sa présence, gardant toutefois le souvenir de l’activité réalisée, comme en écho à La Disparition, autre ouvrage de Perec. Les photographies sont posées, ce qui est inédit pour le photographe.
L’exposition rassemble ainsi 33 triptyques, soit 99 images en clin d’œil aux 99 chapitres du livre et aux jeux mathématiques de Perec. L’accrochage des triptyques, formant pour chacun d’entre eux les étages d’immeubles, lieux de vie collectifs à l’instar de La Tour de Balbel, donne à voir autant de fenêtres intimes se conjuguant les unes avec les autres au sein d’un édifice en construction. Il s’agit pour le photographe de « donner à voir cette frontière ténue, pour ne pas dire floue, entre réalité et fiction et notre profonde ambivalence ».
