Les enfants occupent la MC93
Les enfants occupent la MC93
Vous avez une relation étroite avec la MC93. Votre classe a bénéficié d'un dispositif en février dernier : vous êtes venus une semaine à la MC93 pour une classe découverte. De là, est issue l’exposition Les enfants à l’oeuvre… Pouvez-vous nous raconter ce partenariat ?
Romain Growas* : Ce projet est né suite aux parcours de spectateurs proposés par la MC93 il y a deux ans. Au moment du bilan, j’ai soumis l’idée d’une semaine d’immersion de mes élèves à la MC93 à Pauline Maître, chargée des projets avec les publics. J’ai ensuite participé aux parcours spectateurs proposé aux élèves lors de l’année scolaire 2016-2017. Devant la richesse des échanges avec les enfants, leur enthousiasme et leur appropriation de la MC93, Pauline Maître est ensuite revenue vers moi en fin d’année scolaire avec ce projet et le feu vert pour le mettre en œuvre.
Étant donné qu’il n’y avait pas de précédent à notre connaissance, nous avons tâtonné, longuement, quant à sa mise en œuvre puis nous nous sommes calqués sur le fonctionnement d’une classe d’environnement « classique » en cherchant à nous approcher le plus possible du côté immersif de celle-ci : il nous paraissait évident que les élèves devaient passer le moins de temps à l’école et le plus à la MC93. Pas à pas, la « classe théâtre » a vu le jour au gré de nos échanges, des possibilités offertes et des contraintes imposées afin d’aboutir à ce précieux moment que fut cette semaine passée à la MC93.
Au cours de cette classe théâtre est né le projet Les enfants à l'œuvre. Comment s’est fait le choix des œuvres ?
L’idée de faire des élèves des spectateurs partie prenante du lieu culturel qu’est la MC93, chez eux, nous est apparue comme une évidence. Pauline Maître a alors soumis l’idée de proposer la participation de ma classe à l’événement « Les enfants occupent la MC93 » comme conclusion d’un parcours d’un an dont la classe théâtre fut le point d’orgue. Il s’agissait de faire des élèves des commissaires d’exposition et des médiateurs culturels lors de cet événement. Pour cela, la MC93 a fait appel à Nathalie Laforgue et au Fonds départemental d’art contemporain. Parmi des milliers d’œuvres, une sélection d’une centaine d’œuvres sur les thèmes de l’identité et du paysage a été soumise aux élèves. Ceux-ci ont eu pour consignes de passer du temps avec ces reproductions, de les observer et d’essayer d’en associer certaines « qui allaient bien ensemble ». Cette dernière consigne était volontairement ouverte afin que chaque enfant s’approprie individuellement ce qui va « bien ensemble ». Les élèves ont affiné leur sélection à force de discussion et une quinzaine de « diptyques » ont été choisis.
Les élèves ont défendu leurs associations, cherchant à convaincre leurs camarades. Finalement, ils sont parvenus à choisir les six œuvres qui les accompagneraient lors de leur séjour à la MC93. Après un long débat relatif au fait de conserver ou non les 6 œuvres, les élèves ont conservé les œuvres sélectionnées puis ont décidé de l’accrochage dans le hall de la MC93.
Comment vos élèves ont-ils vécu cette expérience ?
Chaque élève semble avoir apprécié personnellement cette expérience. Ils se sont désinhibés, se sont ouverts à la culture et ont fait preuve d’une grande curiosité. Ils ont découvert de nouveaux métiers et de nouveaux lieux. Cette expérience leur a surtout apporté une grande confiance en eux : en découvrant l’univers du spectacle vivant, en proposant une médiation culturelle à des adultes, ils ont ainsi découvert qu’ils pouvaient être pourvoyeurs de connaissances, changeant ainsi de leur traditionnel rôle d’élève.
Quel a été l’apport pédagogique de cette réalisation ?
Ce projet a été à l’origine de nombreux apports pédagogiques, et même au-delà. Tout d’abord, les élèves ont acquis de nombreuses connaissances en histoire des arts. En outre, ils ont énormément progressé quant à la prise de parole et ont renforcé leur langage oral. Ils ont également appris à argumenter et ont renforcé leur confiance en eux.
Propos recueillis en juin 2018
*Entretien avec Romain Growas, enseignant de la classe de CM1-CM2 A de l’école Georges Valbon