Le pire n'est pas (toujours) certain
Le pire n'est pas (toujours) certain
« Il est le chemin, la colonne vertébrale, le fil qui me conduira à l'écoute d'autres récits, ceux des habitants de Bobigny dans cette ville faite de migrations successives, en perpétuel mouvement... Un lieu de tous les possibles... L'imaginer comme une ville utopique dans un futur proche est un projet passionnant ! »
Catherine Boskowitz
Invitée dès février 2016 par la MC93 à présenter une lecture à la Maison des parents du quartier de l’étoile à Bobigny, Catherine Boskowitz renoue avec le territoire de la Seine-Saint-Denis qu’elle connait bien : son aventure théâtrale a débuté à Aubervilliers où elle a fondé la compagnie ABC en 1985.
Artiste en résidence pour deux ans à la MC93 à partir de janvier 2018, Catherine Boskowitz y prépare plusieurs projets dont celui de la création d'un spectacle pour l'automne 2019.
Le dernier livre de Patrick Chamoiseau, Frères migrants, est son fil conducteur pour aller à la rencontre de certains habitants de Bobigny. Avec eux, elle partage ses outils : caméra, enregistreur, plateau de théâtre, argile, encres, papiers, crayons à dessin pour composer, sur le sujet des migrations, différentes écritures textuelles, visuelles et sonores.
« Metteure en scène, dessinatrice, initiatrice de projets réunissant de nombreux artistes, je travaille en France, en Haïti, en Colombie, dans plusieurs pays d'Afrique et au Moyen-Orient. Je voyage aussi en Europe. À l’intérieur de ce mouvement, de ces allers-retours, je construis avec mon équipe et des artistes étrangers un travail de création où le théâtre occupe une place essentielle.
Aujourd'hui à Bobigny pour deux ans, je rencontre des habitants de la ville avec lesquels je composerai des écritures textuelles, visuelles et sonores pour mon prochain spectacle LE PIRE N'EST PAS TOUJOURS CERTAIN qui sera présenté en automne 2019 à la MC93.
Le dernier texte de Patrick Chamoiseau « Frères migrants » est mon point de départ... Ce texte anticipe une révolution des consciences, un avenir à rêver, à bâtir AVEC les gens qui fuient leurs pays et s'exilent aujourd'hui en Europe.
Il est le chemin, la colonne vertébrale, le fil qui me conduira à l'écoute d'autres récits, ceux des habitants de Bobigny dans cette ville faite de migrations successives, en perpétuel mouvement... Un lieu de tous les possibles... L'imaginer comme une ville utopique dans un futur proche est un projet passionnant !
Avec la comédienne Estelle Lesage qui m'accompagne lors de ma résidence, il s'agit d'inscrire mon geste artistique dans la suite de celui de Patrick Chamoiseau. S'emparer de Frères Migrants pour le donner à lire, à penser, à partager avec les balbyniens qui le souhaitent, et ainsi imaginer la dramaturgie du spectacle à venir : Une pièce d'anticipation.
Dès ce premier semestre 2018, nous commençons à inventer différents protocoles d'écritures avec certaines associations balbyniennes et un groupe d'amateurs de théâtre. À travers le dessin, la construction d'objets scénographiques, le jeu, des enregistrements sonores et des captations d'images, nous allons fabriquer des installations visuelles et théâtrales qui traceront les pistes de la création à venir.
Dans le spectacle final prévu à l'automne 2019 à la MC93 et qui sera joué par des acteurs professionnels, il m'apparait dès aujourd'hui, que certaines parties de Frères migrants et les pistes développées à Bobigny, seront le socle poétique et politique du spectacle. »
Catherine Boskowitz
Catherine Boskowitz est metteure en scène, travaille en France, en Afrique, au Moyen-Orient, en Colombie, en Haïti et voyage dans d'autres parties du monde.
Initiatrice de projets réunissant de nombreux artistes, elle a fondé et co-dirigé pendant dix ans le Collectif 12 à Mantes la Jolie, Fabrique des nouveaux territoires de l’art, et accompagné ainsi nombres de réalisations d'artistes français et étrangers créées sur le territoire mantais, pour certaines, en collaboration avec les habitants.
Témoin de nombreux événements sociaux et politiques qui ont secoué la planète ces vingt dernières années, elle s'attache à questionner l’époque contemporaine sur l'engagement par le biais entre autres de l’écriture du plateau. A partir de vecteurs pluriels tels que la scène, l’image, la performance, la peinture, la composition du son, elle présente au public un travail de création où l'acteur occupe une place essentielle, avec une équipe artistique pluridisciplinaire et multiculturelle.
Ses points de départ : un texte / une pensée... et en diagonale, surgit sur scène, pendant la représentation, un contrepoint : l'intervention directe adressée au public.
Ses dernières mises en scène dont en 2013 La Dernière interview de Jean Genet avec l’acteur-performeur et auteur Dieudonné Niangouna, en 2015 Le Projet Penthésilée, en 2017 Fictions ordinaires, spectacle co-réalisé avec Jean-Christophe Lanquetin et créé en milieu urbain en Colombie, sont chaque fois une invitation au public à interroger sa propre place de spectateur.
Elle travaille aussi avec le chorégraphe Andreya Ouamba sur la création du spectacle De quoi sommes-nous faits ? présenté au festival des Francophonies en Limousin et Théâtre de la Ville-Les Abbesses en 2018.
Une exposition du 11 octobre au 1er décembre 2019
L’exposition Ça s’est passé comme ça présente les œuvres créées au fil des ateliers menés en compagnie d’Estelle Lesage durant une année auprès des femmes de l’association balbynienne Loisirs Tout azimut. Portraits en lithographies grandeur nature et textes autobiographiques pour raconter le parcours de ces femmes et leur arrivée à Bobigny.
« Elles sont là, elles nous attendent. Plusieurs femmes réunies par Sok-Ay dans le petit local de Loisirs Tout Azimut ont apporté à ma demande des photos soustraites à leurs albums familiaux. Les images datent des années 80. Certaines sont très belleset paraissent d’un autre temps, celui où les selfies n’existaient pas, où l’on posait de manière différente, où chaque photo prise était précieuse et l’instant, choisi. À partir de ces photos,elles vont se mettre à graver et à raconter…
Elles retracent leur arrivée à Bobigny à travers l’encre de leurs autoportraits et les paroles de leurs récits.
Chacune raconte son trajet, le voyage intime qui l’a amenée à être ce qu’elle est aujourd’hui dans cette ville qu’elle ne connaissait pas avant d’y vivre. Pour certaines, elles débarquaient alors au coeur d’un pays qui leur était étranger, la France.
À travers cette exposition, une cartographie se dessine par petits points sensibles entre les mots et les gravures, qui relie le Cambodge, l’Algérie, la Champagne-Ardenne, le Poitou, Mazamet, Casablanca à Bobigny. »
Catherine Boskowitz
Une exposition du 3 au 21 décembre 2019
L’exposition présente les travaux réalisés par les résidents demandeurs d’asile du foyer Oryema de la structure Hôtel Social 93 avec Catherine Boskowitz et Estelle Lesage.
« En 2018, nous invitons les résidents, demandeurs d’asile du Foyer Oryema à partager nos outils : caméra, enregistreur, papiers, crayons, colle, peinture… Avec eux, nous créons de petits films vidéos, de courtes bandes sonores, des personnages et des figures en argile.
On travaille beaucoup, on invente, on parle dans de multiples langues, et l’on rit aussi, malgré les difficultés de chacun, l’angoisse et la menace chaque mois renouvelée, puis repoussée, de la fermeture prochaine du foyer.
Début octobre le couperet tombe. Le foyer Oryema doit fermer. Nous continuons à travailler, nous nous transformons en chiens. De papier certes, mais avec des dents… Nous avons commencé à construire des masques, beaucoup de masques ! Masques de chiens, masques d’hommes que les résidents ont mis en scène dans un travail photographique. À mon tour, je me suis emparée de certaines de ces images pour continuer le geste en peinture.
Le temps passé ensemble, nous l’avons retenu encore un peu en décidant avec l’équipe de la MC93 d’imprimer une quinzaine de photos. Chacun des résidents a choisi les photos qu’il a emporté avec lui.
Ces photos agrandies forment aujourd’hui le cœur de l’exposition. »
Catherine Boskowitz








