Orthopédagogue de formation, Alain Platel fonde en 1984, à Gand (Belgique), le collectif de danse les ballets C de la B. Artiste autodidacte, il opte dès ses débuts, pour le mélange des genres regroupant des interprètes issus de différents pays et mondes artistiques. Un style engagé et empreint d’humanité, qui lui vaut rapidement une notoriété internationale.
En 2003, Wolf, spectacle sur Mozart d’une étonnante vitalité enthousiasme par sa dose peu commune d’exubérance et d’extravagance. Alain Platel choisit alors d’orienter son travail vers une danse plus introspective, nerveuse, voire ascétique. De là quelques pièces d’inspiration nouvelle, telles vsprs en 2006 d’après l’œuvre de Monteverdi, Nine Finger en 2007 ou pitié! en 2008, sur une musique de Jean-Sébastien Bach. En 2010, sont créés Out Of Context - for Pina et Gardenia dans lequel la fermeture d’un cabaret pour travestis constitue le point de départ d’une plongée au cœur des vies privées d’un mémorable groupe de vieux artistes. La connotation politique de spectacles comme tauberbach et Coup Fatal (en collaboration avec Fabrizio Cassol), deux pièces créées en 2014, réside dans la joie de vivre et l’énergie qui éclatent de la scène et qui manifestent des moyens de (sur)vivre dans des circonstances indignes. C’est aussi ce « lust for life » qui pousse les danseurs Nicht schlafen (2016) à la recherche d’une possible transformation et à l’exploration du sentiment d’angoisse et d’incertitude d’un monde en accélération. En 2018, dans une nouvelle collaboration avec Fabrizio Cassol, il célèbre la vie avec la création de Requiem pour L.
Alain Platel a également multiplié les films de danse, avec la réalisatrice britannique Sofie Fiennes (Because I Sing en 2001, Ramallah!Ramallah!Ramallah! en 2005 et VSPRS Show and Tell en 2007) ou en solo avec les ballets de ci de là (2006), une plongée impressionnante dans la vie d’une troupe formée il y a vingt ans. Il s’agit aussi et surtout d’une ode à la ville de Gand, son port d’attache.
Récemment, il a réalisé avec la vidéaste Mirjam Devriendt le documentaire Pourquoi nous battons-nous ? qui explore la perception de la violence pendant les répétitions du spectacle Nicht schlafen (pas dormir) avec en toile de fond la troisième symphonie de Mahler, et "Le chant de minuit" extrait d’Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche.