mc93_icon_1 mc93_icon_10 mc93_icon_11 mc93_icon_12 mc93_icon_13 mc93_icon_14 mc93_icon_15 mc93_icon_16 mc93_icon_17 mc93_icon_18 mc93_icon_19 mc93_icon_2 mc93_icon_20 mc93_icon_21 mc93_icon_22 mc93_icon_23 mc93_icon_24 mc93_icon_25 mc93_icon_26 mc93_icon_3 mc93_icon_4 mc93_icon_5 mc93_icon_6 mc93_icon_7 mc93_icon_8 mc93_icon_9 menu-billetterie menu-calendrier menu-offcanvas menu-participez menu-saison noir_et_rouge_01 noir_et_rouge_02 noir_et_rouge_03 noir_et_rouge_04 noir_et_rouge_05 noir_et_rouge_06 noir_et_rouge_07 noir_et_rouge_08 noir_et_rouge_09 nouveau_symbol_01 nouveau_symbol_02 nouveau_symbol_03 nouveau_symbol_04 nouveau_symbol_05 nouveau_symbol_06 nouveau_symbol_07 nouveau_symbol_08 nouveau_symbol_09 pass-illimite
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies, nous permettant d'améliorer votre expérience d'utilisation. OK

Magazine

22 février 2024
À lireReportages2023-2024

La petite troupe, reportage

Dans les coulisses avec Joséphine Lebard

Depuis 2017, la MC93 mène un projet d’un genre bien particulier : La petite troupe, constituée de jeunes de 10 à 14 ans, monte un spectacle comme de vrai·es professionnel·les. Plongée dans les coulisses de la création présentée en avril.

Dix-sept petites paires de chaussettes gagnent le centre de la grande salle de répétition située dans les étages de la MC93. Elles appartiennent à dix-sept enfants balbynien·nes de 10 à 14 ans, membres de La petite troupe, embarqué·es dans une véritable création théâtrale programmée dans la saison 2023-2024 de la MC93 et présentée en avril.

Le projet de La petite troupe voit le jour lors de l’année scolaire 2017-2018. Si, au départ, les jeunes comédien·nes étaient repéré·es via le champ scolaire ou social, désormais – rançon du succès oblige – « le recrutement fonctionne en bonne partie par le bouche-à-oreille », explique Élisa Castello, attachée aux projets avec les publics de la MC93. C’est ainsi que Shaïli, 10 ans, a rejoint l’an dernier les rangs de l’aventure. « Ma mère m’en a parlé car j’avais déjà fait un peu de théâtre avant. » Aventure : le terme n’est pas galvaudé. Il y a évidemment cette création artistique dans laquelle plongent les enfants, cornaqués par Élisa Castello et Janice Zadrozynski, autrice et metteuse en scène. « Mais La petite troupe, c’est aussi le lien avec les familles. Une relation s’est nouée au fil du temps avec elles », précise Élisa Castello. Alice, la mère de Shaïli, a vu sa fille s’épanouir au sein du projet. « Je la trouvais un peu renfermée et La petite troupe lui a permis de s’ouvrir. Elle parle plus facilement », constate-t-elle. Et puis, troisième axe du projet, il y a un parcours de spectateur·rices au cours duquel les enfants vont voir plusieurs spectacles de la saison. Janice Zadrozynski insiste : « Allier le faire et le voir, c’est très important. Nous contribuons, à notre échelle, à permettre à une nouvelle génération de s’emparer des salles. »

  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot
  • La petite troupe © Jérémy Piot

En ce samedi après-midi, l’heure est plutôt au « faire ». À la demande d’Élisa et Janice, La petite troupe forme un cercle auquel se joignent quelques adultes : Charlotte, la costumière ; Elsa, qui œuvre au service production ; Mathias, qui prend en charge la partie sonore du futur spectacle ; Pauline, qui est à la direction technique. En même temps qu’ils découvrent l’équipe, les enfants s’approprient aussi le vocabulaire et les professions du théâtre. « Vous allez avoir des professionnel·les qui vont travailler avec vous », rappelle Élisa. « C’est une chance », poursuit Janice. Car La petite troupe n’a rien du gentil amusement ou de la simple occupation. « Il y a un enjeu derrière », insiste Janice, évoquant le spectacle à venir. Et c’est donnant- donnant : « En face de moi, j’ai des enfants qui se donnent artistiquement. Ils et elles ont dit à leurs parents : “je veux être sur scène”. Ils et elles portent cette envie en eux. » C’est effectivement bien un feu qui semble animer Shaïli : « Moi, ici, je veux faire les choses avec sérieux, explique-t-elle avec aplomb. Je suis exigeante envers moi-même : pour moi cela signifie bien faire et écouter les conseils d’Élisa et Janice. »

En l’occurrence, Janice invite les enfants à s’allonger par terre. Ils vont écouter des extraits de fictions radiophoniques, afin de nourrir leur futur spectacle Radio Kekkaï*. Ça chahute un peu avant de s’installer. « Ici, cela les change du trajet classique écolemaison, analyse la metteuse en scène. C’est un espace d’expression mais aussi un espace d’amitié avec d’autres enfants qui ne viennent pas forcément du même quartier ou du même établissement. On les aide aussi à accepter leur personnalité dans un espace sensible et créatif. »

Dix-sept silhouettes sont désormais allongées sur le sol. Étoile de mer, position fœtale, séance bronzette à la plage : tous les styles sont représentés, comme autant de symboles des individualités qui composent La petite troupe. Janice rappelle l'objectif de ce temps d'écoute : « C’est important que vous ayez en tête les différents styles de voix des fictions sonores », explique-t-elle. Le Capitaine Fracasse, Vingt mille lieues sous les mers, Malheur aux barbus... Entre les oreilles de La petite troupe, les mots infusent. Janice débriefe ensuite l’écoute avec eux : « Quels indices sonores avez-vous eus sur la situation du personnage ? Avezvous senti que les interprètes jouent aussi avec leur corps, même si c’est pour la radio ? » Les enfants approuvent, rebondissent sur les remarques, complètent… Janice distribue ensuite un extrait d’un texte de Pierre Dac* et invite La petite troupe à le retravailler par groupes. Les têtes se penchent sur les répliques, les bouches goûtent les mots. « Ma méthode, c’est l’autonomisation, explique Janice. À eux de tester, de comprendre. D’oser exprimer leur imaginaire. Il faut qu’ils se lancent. » Pour l’écriture de la pièce, la metteuse en scène est accompagnée par Olivia Burton, dramaturge, et Vassia Chavaroche, coauteur du futur spectacle. Ils ont conçu ensemble une histoire avec des espaces d’écriture prévus pour les jeunes.

La voix de Clémentine jaillit soudain, pleine d’autorité, avant que la jeune fille coure claquer une porte pour assurer un bruitage. Elle a joué en début de saison dans Avant la terreur de Vincent Macaigne. Trois autres membres de La petite troupe ont, quant à eux, dansé sous la houlette de Nacera Belaza à Chaillot – Théâtre national de la Danse. La petite troupe peut-elle servir de tremplin à des vocations ? « L’idée, c’est de développer des amateur·rices de spectacles », estime Janice. Pour le futur professionnel, il sera bien temps de voir. Pour l’heure, l’essentiel, c’est de jouer.

Joséphine Lebard

* Dans l’univers du manga, le kekkaï est un champ de force, une protection, une barrière magique.
** Pierre Dac, résistant, humoriste et homme de radio (1893 – 1975).