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Les carnets #4
Le théâtre ne serait-il pas le lieu de notre invisible incandescence en tant que spectateur ? Alors que sur le plateau quelque chose de notre société devient, au contraire, très visible, voire évident. Et que dans la salle circule le frisson partagé du nommable.
C’est ce qui me traverse certains soirs à la MC93. Et je repense, comme en écho, à l'Éloge de la maison écrit par Daniel Conrod lors de sa résidence et qui figure dans les pages de ce carnet.
Et je vois alors combien la présence de chacun est nécessaire. Au théâtre, c’est cette alchimie qui s’expérimente, à travers la présence physique bien réelle de chacun — artistes ou spectateurs. Je me dis que la rencontre est parfois immédiate et parfois qu’elle ne va pas toujours de soi ; qu’elle sollicite nos corps, nos émotions, et tout ce qui communique entre nous.
Si le théâtre est le lieu qui nous rappelle combien la parole est importante et à quel point elle est acte, c’est aussi là, dans le théâtre, que l’on fait l’apprentissage de la limite des mots qui ne seront jamais suffisants pour faire lien. Et disons-le, « être ensemble » ce n’est pas toujours simple ! C’est souvent joyeux et parfois difficile. Il faut du courage et de la confiance. Cela s’éprouve, se vit, se négocie. C’est ce que nous faisons ici dans cette Maison rouverte que vous venez régulièrement habiter. Continuons…
Hortense Archambault, directrice
Décembre 2017