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Magazine

9 mai 2022
À lireActualités2021-2022

Lettre aux spectateur·rice·s - La comparution (la hoggra)

Édito de la compagnie Le Désordre des Choses

À vous,

qui venez découvrir ces premières représentations de La comparution (la hoggra), quelques mots. Tout d’abord, bienvenue et merci d’être parmi nous. Ce spectacle aurait pu être l’un des nombreux spectacles sacrifiés des années Covid et pourtant celui-ci a bien lieu. On le doit à quelques personnes précieuses (qui se reconnaitront à travers ces lignes) et qui ont permis ce soir à ce spectacle de jouer plus d’un après sa création inachevée (puisque sans spectateur·trice·s) l’année précédente. Ces quelques mots en introduction pour vous remercier d’être ici, de « croire » à ce que nous faisons ensemble ce soir dans cette salle de théâtre et surtout vous faire comprendre ce que ce spectacle représente pour nous…

La comparution (la hoggra), c’est une longue histoire. Cela fait cinq années que nous pensons ce spectacle, comme la suite de B.A.B.A.R (le transparent noir), l’un des premiers spectacles de notre compagnie – récit familial autour de la fracture coloniale – et comme le pendant de Neuf mouvements pour une cavale – monologue sur l’histoire du paysan Jérôme Laronze mort des suites d’un contrôle sanitaire sur sa ferme – présenté il y a cela deux saisons en Comédie itinérante. Une longue histoire, parce que le « sujet » même de notre pièce était une Gorgone : comment parler des violences policières au théâtre ? Comment ne pas être médusé·e par le réel, le réel dur et compact de notre monde contemporain ? Impréhensible car justement trop près de nos têtes, de nos yeux ? Comment dire sans sur-ligner ? Comment ouvrir également des possibles ?

Comme toujours, nous avons pris le parti de l’enquête. Non pas d’une enquête documentaire mais d’une enquête poétique documentée. Parce que nous pensons véritablement que la fiction peut toute chose sur le réel. Que la fiction produit des mondes de rechange, une dialectique poétique entre le monde en dehors de cette salle et le monde au dedans : cet espace de l’imaginaire, radical, car instable et débordant. Cet espace qui peut tout parce qu’il ne peut rien.

Nous avons pris le parti du théâtre comme espace du politique. Un espace d’apparition du conflit, du dissensus. Nous avons pris le parti d’un récit ne représentant pas un réel subi mais celui d’un réel toujours en transformation, revendiquant ainsi la place de l’Art dans la transformation sociale. Une place autonome certes, mais une place tout de même. Et parce que nous tentons d’être allié·e·s des luttes – d’écrire des poèmes de l’action –, pour écrire cette histoire, nous nous sommes entouré·e·s de Mathieu Rigouste, chercheur indépendant, militant, auteur notamment de La domination policière (aux éditions La Fabrique) et de Farid El Yamni, membre du Comité Justice et Vérité pour Wissam El Yamni. Nous ne pouvions pas faire sans les personnes concernées directement par ce que nous tentions d’écrire : une histoire critique des violences policières.

Et parce que nous sommes au théâtre, cette histoire passera par les corps. Ici les corps d’une famille, la famille Saïdi, dont l’un des fils vient d’être victime d’une arrestation « musclée ». Et parce que nous sommes au théâtre et qu’il s’agit de tragédie, il s’agira également de suivre le destin et le contre-destin de ces personnages, de cette famille, passant du statut de victime à celui de « survivante ». En creux se dessinera alors l’itinéraire d’une double transformation, celui qui transforme un individu révolté en révolutionnaire, et celui qui transforme des corps illégitimes à se défendre en auto organisation politique et populaire.

La comparution n’existerait jamais sans son sous-titre, la hoggra, terme populaire, de l’arabe « Hakara », synonyme de mépris et d’injustice (l’injustice qui forme la colère, l’injustice qui forme des « justes »). Tout comme ce spectacle n’existerait pas dans un monde « juste ». C’est peut-être le paradoxe de ce spectacle. Nous aurions souhaité qu’il n’ait pas à être écrit.


Bon spectacle à vous,
Le Désordre des Choses