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Monika Gintersdorfer
Entretien au Theaterbremen, Brême, 2021
Si nous ne pouvons plus voyager dans un avenir proche, la vie entre les continents, qui est au coeur de notre travail et, à force, de notre univers artistique et personnelle, s’effondrera. La potentielle perte de cette vie internationale offre une vision très désagréable qui fera voler en éclats la construction sur laquelle reposent non seulement les artistes, mais aussi leurs familles et leurs familles d’élection, leurs relations amoureuses et leur sécurité financière.
Un retour à une existence locale serait un cauchemar pour nous.
Nous voulons poursuivre le travail transnational afin de contrer un monde et une conception eurocentrique de la culture par quelque chose de polyphonique. Pas seulement en théorie, mais dans chaque moment de notre vie collective. Nous sommes un ensemble, un ensemble sans lieu fixe. Personne n’est responsable de nous, aucune ville, aucune institution. Nous ne pouvons être ensemble que si nous sommes autorisé·e·x·s à voyager et nous ne pouvons voyager que si nous avons du travail et que les frontières sont ouvertes.
Il s’agit de ne pas opposer la transnationalité et les préoccupations climatiques, mais de trouver de nouveaux équilibres.
Pour le climat, nous aimerions beaucoup voyager moins mais cela ne pourrait fonctionner que si les théâtres se coordonnaient ; que si nous avions des bourses et des appartements permettant aux artistes de rester plus longtemps à un endroit et de ne pas avoir à faire des allers-retours. Nous devons former de nouvelles alliances et nous assurer que nos partenaires fidèles, sont prêts à trouver de telles solutions avec nous.