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Magazine

19 septembre 2022
À lireActualités2022-2023

Un théâtre dans le monde

Stanislas Nordey par Jean-François Perrier

Cinquante-cinq mises en scène de théâtre, dix neuf d’opéra et quarante-quatre rôles d’acteur… Une vie de théâtre commencée à vingt ans. Un goût immodéré pour les textes dramatiques avec depuis quelques années une préférence très nette pour les écritures contemporaines. Une vraie passion pour la pédagogie. Tel se présente Stanislas Nordey à ceux qui se penchent sur une carrière hors norme menée à l’intérieur des structures du théâtre public subventionné dont il se réclame tout en étant conscient des contradictions qu’elles génèrent.

Après avoir suivi les cours de théâtre de sa mère, la comédienne Véronique Nordey, c’est au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique que tout commence quand son professeur Jean-Pierre Vincent lui fait découvrir un « nouveau continent inépuisable », celui des auteurs d’aujourd’hui, celui qui offre au jeune metteur en scène débutant une liberté totale puisqu’il n’y a pas de modèle de référence. De Didier-Georges Gabily à Genet, de Bernard-Marie Koltès à Anja Hilling, d'August Stramm à Marie NDiaye et plus récemment avec Falk Richter et Léonora Miano, il traverse tout un répertoire européen qui nécessite d’avoir beaucoup à inventer en compagnie de ses interprètes qui ne doivent jamais être passifs devant le texte à jouer : « J’essaye de mettre l’acteur au centre du travail en lui laissant par exemple la liberté totale de ses mouvements sur le plateau soir après soir. » Il affirme donc la prééminence de l’Acteur, cet Acteur dont Jacques Copeau disait qu’il « n’est pas au centre du plateau, il est le centre ». Jacques Copeau qui, avec Charles Dullin et Gaston Baty, ont constitué ses références* et qu’il relit toujours.

« Il faut absolument être dans une interrogation permanente pour ne pas reproduire à l’infini des codes ou des formes datés et inefficaces. »

L’acteur·rice donc avant tout ou plutôt juste après le texte, essentiel, indispensable, qui aujourd’hui permet de faire entendre les récits manquants de notre histoire, car la force première du théâtre est « d’être dans le monde » comme l’affirmait cet autre compagnon de route qu’est Pier Paolo Pasolini. Un monde plus coloré, plus féminin, avec des visages et des imaginaires différents, qui doit dorénavant exister sur les plateaux pour questionner davantage les blocages, les a priori, les fausses évidences dans lesquels nous nous débattons dans un univers en pleine évolution. Il faut absolument être dans une interrogation permanente pour ne pas reproduire à l’infini des codes ou des formes datés et inefficaces. L’acteur « se doit d’être un acteur citoyen dans le théâtre d’Art ». Ces idées, il les applique comme pédagogue, à l’école du Théâtre National de Bretagne et à celle du Théâtre National de Strasbourg, dont il est le directeur depuis 2014, assurant avec plaisir un devoir de transmission à de nouvelles générations d’acteur·rice·s et de metteur·e·s en scène, à qui il enseigne les quelques principes qui guident son propre travail : une concentration sur le geste et la parole pour ne pas imposer aux spectateurs et spectatrices une lecture unique en leur laissant la liberté de construire leurs propres visions de la pièce.

Engagé dans sa vie personnelle et professionnelle dans des combats plus politiques, régularisation des sans-papiers ou défense de Sarajevo, il n’imagine pas le théâtre d’Art autrement que comme un théâtre « politique » dans le sens premier du terme, un théâtre de la cité qui s’adresse aux citoyen·ne·s, utilisant les armes de la poésie sans avoir peur d’aller parfois « contre le public, mais vraiment “tout contre”, pour le déranger, pour provoquer les questionnements et sortir du prêt-à-penser consensuel ». C’étaient les fondements du projet qu’il a voulu mener au Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis, en compagnie de Valérie Lang entre 1998 et 2001 : un « Théâtre Citoyen », ouvert toute l’année, multipliant les productions pour aider les jeunes compagnies, des prix de billets abordables pour tous et une réelle implantation dans la ville. Projet utopique sans doute mais novateur et jubilatoire dans un moment où le théâtre public se cherchait de nouveaux horizons.

Fidèle à cet engagement, Stanislas Nordey continue sans cesse d’imaginer des spectacles « manifestes », à l’image de celui qu’il crée dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes à Avignon en 2013 : Par les villages de Peter Handke, qui met en scène des personnages venus du peuple et non des rois ou des princes, dans ce palais habité de fantômes historiques et théâtraux.

Jean-François Perrier

 

*Louis Jouvet, Charles Dullin, Gaston Baty, Georges Pitoëff et Jacques Copeau firent partie du Cartel, une association créée en 1927 pour défendre un théâtre d'avant-garde avec l'adoption d'un jeu plus naturel, la mise en scène d'auteurs contemporains et la prééminence du texte, en rupture avec un théâtre commercial de boulevard alors prédominant.